Après avoir sorti un premier Ep de cinq titres en 2013, Talisco dévoile cette année un album complet aux sonorités pop, rock et folk : Run, un succès fulgurant qui nous intrigue au plus haut point. Nous sommes donc allés investiguer ; avec humour et enthousiasme les trois inséparables compères répondent à quelques questions.
Derrière le nom de Talisco se
cache un jeune homme, Jérôme Amandi. Tout d’abord, d’où t’es venu ce nom de
scène ?
Jérôme : C’est un hommage
que je rends à quelqu’un que j’ai rencontré, connu, mais qui n’existe plus
aujourd’hui. C’est mon petit secret…
Est-ce que tu pourrais nous parler un petit peu de ton parcours
musical, de tes débuts dans la musique ?
Jérôme : C’est très simple.
J’ai fait de la musique gamin, à l’âge de onze ans ; on m’a ramené une guitare, j’ai composé des morceaux assez
rapidement dès douze-treize ans et j’ai forcément eu mon petit groupe de
musique à l’adolescence. J’ai fait des petits concerts puis à l’âge de vingt
ans, j’ai arrêté parce que c’est un peu compliqué et utopique, du moins de mon
point de vue alors, de vouloir vivre de sa musique. J’ai mis ça de côté, j’ai
travaillé entre-temps dans la com’ puis vers la trentaine je m’y suis remis,
y’a à peu près quatre ans donc.
Quel est ce déclic qui t’as
poussé à revenir vers la musique et à vouloir être artiste, à part entière ?
Jérôme : Des déclics t’en a
tout le temps ; à chaque fois que tu vas à un concert et que tu te dis
« wow putain j’aimerai vraiment être à la place du mec qui joue ». En
fait, y’a pas eu de gros déclic, ça c’est fait progressivement.
Parlons bien, parlons musique.
Qu’est ce qui t’influence, quelles sont tes grandes références ?
Jérôme : Y’a des grands
groupes qui m’ont marqué, comme les Beastie Boys, mais ça n’a rien à voir
avec ma musique en fait. Niveau
influence c’est un grand écart, ça passe de la pop à la folk, tout groupes
confondus. Il n’y en a pas un en particulier sur le quel je m’appuie.
Les artistes parlent souvent de modèles, ou de musiques qui les ont vraiment guidées en quelque
sorte.
Jérôme : Pas pour moi, ce
que je fais est une sorte de grand mélange. Ça m’intéresse pas d’avoir une
idole et de me dire « ok, je vais faire la même chose ». C’est comme
quand tu vois un mec, tu te dis qu’il a des supers baskets et que tu veux les
mêmes mais au fil des années tu te fais ton propre style, tu fais quelque chose
de personnel. Tu te retrouves avec ta propre personnalité mais c’est dur à
définir ; en ce qui concerne ma musique, ça je le laisse aux journalistes
et aux auditeurs. Si ça plait à quelqu’un d’identifier mon projet dans telle ou
telle case, moi ça me dérange absolument pas ! Mais j’ai pas besoin d’étiquettes.
En ce qui concerne la phase de création et composition, comment est-ce que tu t’y prends ?
Jérôme : Ben généralement je
suis nu, tout en haut d'une montagne … Non, en fait c’est pas vraiment un choix,
mais je bosse seul. C’est plutôt une conséquence, comme j’ai pas mal bougé
c’est difficile d’avoir un groupe fixe, chacun à sa vie. Être seul c’est plus
simple, aujourd’hui on a la possibilité de créer notre propre musique avec des
logiciels, les instruments sont supers abordables ; du coup c’est la
possibilité de faire une sorte de cuisine musicale assez rapidement.
Je bosse seul et du coup je
m’engueule avec personne, je gère mon temps et il y’a une espèce de confort. Je
ne dis pas que j’envisage ça définitivement.
Pourquoi ce
choix de chanter en anglais et non en français ?
Jérôme : Hum, because I am anglais !
C’est tout simplement, pourquoi
j’ai choisi de jouer avec une Télécaster et pas une autre guitare. C’est juste
un choix qui se rapporte au son, à la mélodie de cette langue. Ça c’est fait
naturellement, puis j’ai l’habitude d’écouter des morceaux anglo-saxons, j’y
trouve plus de sens qu’en français, pourtant je ne boude pas cette langue.
J’écris même des chansons en français mais pour l’instant ça ne correspond pas
à mon projet.
Comment
s’est déroulée votre rencontre à tous les trois?
Jérôme : Alors avec Thomas
sur Meetic et avec Gauthier sur Tinder.
Gauthier : Voilà, du coup ça
c’est fait assez rapidement.
Bon en fait c’est surtout pas
relations interposées, par amis d’amis, il cherchait à monter son groupe sur la
scène et nous on était ouverts à toutes propositions.
Justement, pourquoi travailler
seul et vouloir se produire en groupe sur scène ?
Jérôme : Tu bosse seul chez
toi, tu te retrouves à mettre pleins de voix, de batteries, de sons sur tes
morceaux mais sur scène, ça doit juste être une misère à gérer. Le plus simple
pour retranscrire tout ça c’est d’avoir des musiciens avec soi, j’en voulais
pas des masses et puis j’ai rencontré Gauthier et Thomas, qui sont
multi-instrumentistes. Les deux sont batteurs et ingénieurs du son, ils font
pleins de choses à côté et l’idée c’est pas seulement d’avoir des musiciens
mais des mecs qui ont leur propre expérience et qui vont apporter leur propre
patte musicale en live.
Du coup, Gauthier et Thomas,
quels sont vos parcours respectifs ?
Gauthier : J’ai fait une
école d’ingénieur du son, la même que Thomas, puis j’ai continué avec un groupe
électronique que j’ai créé. J’ai participé à des petits groupes pop-rock puis
y’a eu la rencontre avec le label qui m’a amené jusqu’au projet Talisco.
Thomas : Oui on a fait la
même école mais pas en même temps et depuis, pour moi, ça fait une dizaine
d’années que je tourne sur différents groupes.
En parlant de label, Jérôme tu as
signé avec le label indépendant Roy Music. Qu’est-ce qu’un label
indépendant apporte de différent et pourquoi ce choix ?
Jérome : Alors ça se fait
très simplement, t’envoie ta maquette, puis on te réponds ou pas. Si ils aiment
ils te font passer sur scène, puis tu continues à envoyer des morceaux, et à un
moment ça donne « ok, on va faire un truc ensemble ». L’avantage de
signer dans une petite maison de disque c’est de pouvoir avoir des gens au bout
du téléphone, pouvoir discuter avec des gens qui, avant de vouloir faire du
business, sont des passionnés, qui te laisse ton espace de création ; ils
vont pas te dire « bon alors tu joues de la guitare mais j’aurais mis du
violon à la place » ou ce genre de trucs, et c’est des choses qui arrivent
vraiment dans les grosses maisons de disque.
Là c’est des gens qui respectent ton travail, on est proches avec les
producteurs et je peux dire que je veux que mon projet aille dans ce sens là et
pas un autre.
Y’a un vrai respect du travail
artistique, c’est beaucoup confortable.
On constate précisément que label
indépendant ne signifie pas forcément petit succès, le net en atteste puisque tu avais été sélectionné pour les Victoires de la musique.
Jérôme : Oui y’a eu des
présélections faites par le milieu professionnel sur environ deux mille albums.
Je m’y attendais vraiment pas, c’est passé de deux mille albums à huit et on
faisait partie de ces derniers. Ensuite ils en sélectionnent vraiment trois, on a
pas eu de coup de fils donc bon, ça s’arrête là.
Après cet album parut en 2014,
quels sont les projets futurs ?
Jérôme : Ouvrir une
pizzeria ! Non bon je suis en train de bosser sur le second album et puis
on prépare les concerts, ça demande des
efforts et faut toujours faire évoluer. C’est déjà une masse de travail. On a
pas mal de concert à venir et surtout à l’étranger parce qu’on a réussis à
ouvrir quelques frontières du coup on va commencer à s’exporter un petit peu
plus. En Allemagne, au Benelux, en Italie puis il va y avoir d’autres pays.
Pour ma part j’ai eu
un grand coup de cœur pour la chanson « The keys ». Est-ce qu’elle a
signification particulière pour toi ?
Jérôme : L’album est autour
de plusieurs thèmes : l’aventure, le départ, l’action. D’où le titre
« Run », mais il y a aussi un aspect rêverie, fantaisie, fantasme et
« The Keys » c’est vraiment la chanson qui regroupe ces trois
dernières idées. On est un peu dans un monde d’illuminés, à la recherche de son
propre petit monde pour s’y sentir bien. C’est une grosse métaphore sur la
recherche de soi, un univers fantasmé.
On retrouve effectivement un univers spécifique dans tes clips. Tu pourrais nous parler un petit peu de la collaboration artistique de ce côté là?
Jérôme : Ça a démarré avec
deux réalisateurs américains, Matthew Larson et Zack Spiger. Ils vivent entre Paris et la Californie. J’ai rencontré Matthew lors de
mon tout premier concert, il a accroché sur le projet, il m’a parlé de clips,
on a discuté, on est devenus potes. Autour de cafés et de bières on a commencé
à vraiment réfléchir à ces idées et ça a commencé à monter et c’est comme ça
qu’est arrivé le court-métrage « Run » et puis les autres clips.
Il y a donc une grande importance du
visuel ?
Jérôme : Tu crées un album
et aussi spontané qu’il soit à un moment il faut que tu le mettes en image, que
tu en parles. Forcément la vidéo devient importante, c’est
indispensable aujourd’hui. C’est un moyen de pouvoir montrer son univers, le
fait est que les réalisateurs viennent des Etats-Unis et que l’univers que j’ai
mis en place correspond totalement à celui qu’on retrouve sur la côté Ouest par
exemple. Ça s’est mis en place de façon assez naturelle.
Maintenant vient l’instant
fatidique de quelques petits questions un peu plus spéciales… Le principe de
ces questions c’est de répondre du tac-au-tac. Je dis un mot, tu m’en dis un
autre.
Jérôme : BLEU !
Voilà, c’est le principe, mais là
on a pas encore commencé.
Jérôme : BLEU !
Hm, si tu étais un livre ?
Jérôme : Les contes de Noël
de Dickens.
Une musique ?
Jérôme : Facile, un morceau
d’Ennio Morricone (cf : compositeur et chef d’orchestre italien)
Une personnalité ?
Jérôme : BLEU !
Non, je serais mon oncle !
Si tu avais un super
pouvoir ?
Jérôme : Lancer du shampoing !
Si tu pouvais espionnez quelqu’un, n’importe qui, sans être vu ?
Jérôme : Zooey
Deschannel !
Merci beaucoup à Jérome, Gauthier
et Thomas d’avoir répondu à nos questions !
Angélique pour Victoire 2