Ce vendredi 6 mars Victoire 2
recevait Al’Tarba, accompagné de ses trois acolytes : DJ Nixon, VJ TomZ et
DJ Low Cut. L’occasion d’aller poser quelques questions au beatmaker et de
découvrir son univers, jusqu'alors très peu détaillé. Souvent entourés de mystères les
beatmakers ne sont pas médiatisés et les rares informations sont distillées : qui sont-ils?
Ici, un petit bonhomme pas prise
de tête, au sourire quasi constant et à la langue bien pendue. Il est là pour
s’éclater - ILS sont là pour s’éclater- et pour que le public passe le meilleur
moment possible.
Auteur, compositeur et interprète
Al’Tarba, a.k.a Jules, est originaire de Toulouse. Avec presque dix ans de
carrière à son actif et des collaborations aussi nombreuses que variées il nous
embarque avec virtuosité dans des atmosphères tantôt brutes et sauvages, tantôt
douces et presque mystiques.
Dans son dernier album, Let The
Ghosts Sing, il invoque des sonorités organiques de pianos et glockenspiel, mais aussi de guitares et de trompettes, auxquelles répondent beats abstract et nappes électro.
Sur scène, il est accompagné de VJ TomZ et de DJ Nix'on, tandis que DJ Low Cut
est à la technique.
VJ Tomz, Al'Tarba & DJ Nixon |
Al'Tarba, VJ TomZ et DJ Nixon |
Tout d’abord, d’où te vient ce
nom d'Al'Tarba ?
Jules: C’est un nom que j’ai choisi au
lycée, quand j’étais dans un escalator. J’ai vu "A l’bâtard !" tagué sur un
mur, c’était un nom déjà pris par un DJ de house, du coup j’ai pris Al’tarba en usant de verlan. Je suis pas sûr que je choisirai le même si je devais à nouveau choisir un blaze ; c’est rigolo mais ça fait un peu Segpa.
Comment en es-tu venu à te
tourner vers la musique, et plus particulièrement vers ce style ?
Jules: J’ai commencé par le punk
rock, puis j’ai écouté du rap. En fait j’en écoutais déjà très jeune mais
j’avais un peu lâché, et je m’y suis remis grâce à des beatmakers comme Necro
et Reza, qui faisaient un son bien crade, je me suis dit « Ah ouais, ça
j’ai envie de le faire ». Le côté crade me plaisait dans le punk et j’ai
trouvé ça aussi dans le rap ; ensuite c’est un pote qui m’a montré un
logiciel et ça a commencé comme ça.
Tu peux m'en dire un petit peu plus sur le groupe
dont tu fais parti, Droogz Brigade ?
Jules: On est cinq, j’avais déjà
commencé à essayer quelques trucs et le groupe s’est formé deux ans après. On
s’est rencontré, je ne sais plus trop comment, mais c’est un de ces potes qui
m’a fait justement découvrir Necro et Reza.
On s’est vraiment super bien
entendu et on est devenus meilleurs potes, en plus de faire de la musique.
J’avais déjà choisi mon blaze
avant Droogz Brigade mais entre le moment où tu le choisis et le moment où des
gens le connaissent, il se déroule bien des années.
Jules : A part le Punk, du Ska, du hardcore... Bon après j’écoute vraiment de
tout, de la minimale notamment, je ne suis pas fermé. Mais c’est vraiment du punk rock
quand je suis tout seul. Et du hip-hop aussi.
DJ Nixon : Et même Blink-182
parfois !
Jules : Ouais c’est vrai, on
a tous un groupe qui est difficile à assumer mais c’est comme ça…
DJ Nixon : Moi c’est Carbon Airways, j’ai découvert ça la semaine dernière et j’adore. Je les ai vu dans un
truc et je me suis dit « Mais c’est quoi ces enfants de 15 ans qui sont en
train de jouer ? ». Ils ont joué avec Diplo, avec Skrillex, et ils
ont quinze ans !
Jules : Ce qui m’a influencé
sur les derniers skeuds sinon c’est beaucoup l’abstract hip-hop, RJD2, tout ça…
Tu te produis sur scène ce soir
avec DJ Nixon et VJ TomZ, pourquoi ce choix ?
Jules: Ah bah si j’étais tout seul ce
serait chiant ! Tu verras, les scratchs qu’apporte Nico (a.k.a DJ Nixon) et le côté
technique bien vivant! Pour la vidéo ça fait pas longtemps qu’on taffe
avec TomZ. Vu que c’est une musique un peu cinématographique ça coulait un peu
de source et puis voilà, il apporte un plus, une création à part entière.
DJ Nixon : Quand on a pris
contact la première fois c’était pour raisons musicales, c’est comme ça qu’on
s’est connus. Ça a juste commencé par être fan l’un de l’autre et puis ça s’est
transformé en amitié, il est venu à Paris et puis on s’est dit qu’on pouvait
faire un truc à deux.
Tu as collaboré avec beaucoup
d’artistes, de rappeurs. Est-ce qu’une collaboration t’as particulièrement
marqué ?
Jules: J’ai envie de te dire Droogz
Brigade, mais c’est pas une vraie collaboration puisque c’est mon groupe… Alors
récemment y’a l’album de La Gal, qui est une rappeuse Suisse, sur laquelle j’ai
fait l’instru avec un beatmaker qui s’appelle Yann Sash. Généralement les instrus
ont été faites entre midi et minuit, dans des états seconds. C’était marrant
mais aussi assez spécial de composer à deux, on l’avait jamais fait avant.
Si l’un de tes morceaux pouvait te
définir ou du moins te représenter le mieux, lequel choisirais-tu ?
Jules : Peut-être Western Drugs Sunrise,
pour le côté un peu western, un peu fantôme, un peu dub ; pas mal
d’influences. Puis y’a toujours ce côté fantomatique, donc ouais je dirais
celui-là.
S’il devait y avoir une
atmosphère pour écouter ta musique ?
Jules et Nico, en chœur :
Film d’horreur ! Les années 70 !
Jules : Ben pendant une
partouze de Caligula, recréée dans les années 70, avec plein de drogues et tout
ca…
Vous chopez quelques toges
romaines, du raisin, de la drogue et voilà ! Allez-y !
Amusez-vous !
On trouve peu de clips sur
youtube pour illustrer ta musique et ton univers. Est-ce un choix ?
Jules : Il commence à en avoir de plus en
plus, j’avais peu de clips avant la sortie du dernier album. Je voulais en
faire mais c’est jamais facile de trouver les gens, en général c’est bien
d’avoir un budget, si t’en as pas il faut que ce soit quelqu’un avec qui tu
fais des échanges de bons procédés.
Du pour l’album je me suis
rattrapé, on va sortir encore quatre nouveaux clips.
Au niveau de l’ambiance, on est
très dans l’esprit fantôme. Tu vois le dernier par exemple, où t’as un fantôme
qui découpe pleins de hippies à la hache… c’est pas mal inspiré des films d’horreur
des années, puis on s’est inspiré de Charles Manson pour la tête du mec, the
devil reject, puis y’avait un côté un peu « Petits meurtres entre
amis », qui se termine à la hache.
Nico : Y’a aussi des côtés
un peu maniac, on a l’impression d’être la personne qui regarde l’action avec
la caméra.
Jules : C’est une remarque
pertinente !
Nico : Faut regarder
Maniac !
Si on songe à des morceaux comme
Pain Killer, absolument magnifique, complètement planant, on est loin d’un
univers sale. Si on prend Mushroom burger ou petite maligne, pour le coup c’est
comme une sorte d’optimisme léger. Mais on trouve souvent l’appellation
« gore » pour qualifier ta musique ? Pourquoi ? Es-tu
d’accord ?
Jules : Je trouve que dire Gore c’est un
peu surfait. C’était vrai pour mes deux premiers albums, qui étaient beaucoup
plus rap. Maintenant on m’a mis ça dans ma biographie et j’ai l’impression
qu’ils font tous des copiers-collers.
Après c’est vrai, comme je
disais, mes deux premiers albums sont faits que de samples de films gores mais
je sais pas… Ils doivent bien aimer le mot « Gore », tu sais ça en
jette. Mais c’est vrai que ça colle pas forcément.
Voilà je vais leur
dire ! « Enlevez-moi ce truc
gore là ! »
Qu’est-ce que tu penses de la
scène actuelle en ce qui concerne le abstract hip-hop ?
Jules : Elle est riche, en France il ya
beaucoup de choses ! Moi j’écoute beaucoup « Connitif ».. et DJ
Low Cut, le barbu.
Un souvenir de concert mémorable?
Jules : Y’en a eu plein ! Je ne vais
pas raconter les plus scabreux, ça nous porterait préjudice.
Aller, je vais te raconter cette
anecdote qui est marrante. C’était une fois où Nixon refusait catégoriquement
de Slamer avec moi, parce qu’il y a des morceaux où on le fait, et donc j’ai
dit à Nixon « Tu dois venir slamer avec moi » et on voit sur la vidéo
qu’il veut pas du tout. Alors je dis aux gens « Aller, dites lui de
slamer ! », il refuse toujours et puis finalement… il a fait un saut
de cabri magnifique , et il a accepté !
Les projets futurs ?
Jules: D’abord finir la tournée et puis
un EP l’an prochain, mais je vais prendre le temps avant de le sortir. Il
s’appellera « La nuit se lève ».