jeudi 2 juillet 2015

Entretien avec Al'Tarba

Ce vendredi 6 mars Victoire 2 recevait Al’Tarba, accompagné de ses trois acolytes : DJ Nixon, VJ TomZ et DJ Low Cut. L’occasion d’aller poser quelques questions au beatmaker et de découvrir son univers, jusqu'alors très peu détaillé. Souvent entourés de mystères les beatmakers ne sont pas médiatisés et les rares informations sont distillées : qui sont-ils?
Ici, un petit bonhomme pas prise de tête, au sourire quasi constant et à la langue bien pendue. Il est là pour s’éclater - ILS sont là pour s’éclater- et pour que le public passe le meilleur moment possible.

Auteur, compositeur et interprète Al’Tarba, a.k.a Jules, est originaire de Toulouse. Avec presque dix ans de carrière à son actif et des collaborations aussi nombreuses que variées il nous embarque avec virtuosité dans des atmosphères tantôt brutes et sauvages, tantôt douces et presque mystiques.

Dans son dernier album, Let The Ghosts Sing, il invoque des sonorités organiques de pianos et glockenspiel, mais aussi de guitares et de trompettes, auxquelles répondent beats abstract et nappes électro. Sur scène, il est accompagné de VJ TomZ et de DJ Nix'on, tandis que DJ Low Cut est à la technique.


VJ Tomz, Al'Tarba & DJ Nixon

Al'Tarba, VJ TomZ et DJ Nixon 


Tout d’abord, d’où te vient ce nom d'Al'Tarba ?

Jules: C’est un nom que j’ai choisi au lycée, quand j’étais dans un escalator. J’ai vu "A l’bâtard !" tagué sur un mur, c’était un nom déjà pris par un DJ de house, du coup j’ai pris Al’tarba en usant de verlan. Je suis pas sûr que je choisirai le même si je devais à nouveau choisir un blaze ; c’est rigolo mais ça fait un peu Segpa.


Comment en es-tu venu à te tourner vers la musique, et plus particulièrement vers ce style ? 

Jules: J’ai commencé par le punk rock, puis j’ai écouté du rap. En fait j’en écoutais déjà très jeune mais j’avais un peu lâché, et je m’y suis remis grâce à des beatmakers comme Necro et Reza, qui faisaient un son bien crade, je me suis dit « Ah ouais, ça j’ai envie de le faire ». Le côté crade me plaisait dans le punk et j’ai trouvé ça aussi dans le rap ; ensuite c’est un pote qui m’a montré un logiciel et ça a commencé comme ça.


Tu peux m'en dire un petit peu plus sur le groupe dont tu fais parti, Droogz Brigade ?

Jules: On est cinq, j’avais déjà commencé à essayer quelques trucs et le groupe s’est formé deux ans après. On s’est rencontré, je ne sais plus trop comment, mais c’est un de ces potes qui m’a fait justement découvrir Necro et Reza.
On s’est vraiment super bien entendu et on est devenus meilleurs potes, en plus de faire de la musique.
J’avais déjà choisi mon blaze avant Droogz Brigade mais entre le moment où tu le choisis et le moment où des gens le connaissent, il se déroule bien des années.


Quelles sont tes références musicales, même si elles ne se ressentent pas forcément dans tes morceaux?

Jules : A part le Punk, du Ska, du hardcore... Bon après j’écoute vraiment de tout, de la minimale notamment, je ne suis pas fermé. Mais c’est vraiment du punk rock quand je suis tout seul. Et du hip-hop aussi.

DJ Nixon : Et même Blink-182 parfois !

Jules : Ouais c’est vrai, on a tous un groupe qui est difficile à assumer mais c’est comme ça…

DJ Nixon : Moi c’est Carbon Airways, j’ai découvert ça la semaine dernière et j’adore. Je les ai vu dans un truc et je me suis dit « Mais c’est quoi ces enfants de 15 ans qui sont en train de jouer ? ». Ils ont joué avec Diplo, avec Skrillex, et ils ont quinze ans !

Jules : Ce qui m’a influencé sur les derniers skeuds sinon c’est beaucoup l’abstract hip-hop, RJD2, tout ça…


Tu te produis sur scène ce soir avec DJ Nixon et VJ TomZ, pourquoi ce choix ?

Jules: Ah bah si j’étais tout seul ce serait chiant ! Tu verras, les scratchs qu’apporte Nico (a.k.a DJ Nixon) et le côté technique bien vivant! Pour la vidéo ça fait pas longtemps qu’on taffe avec TomZ. Vu que c’est une musique un peu cinématographique ça coulait un peu de source et puis voilà, il apporte un plus, une création à part entière.


La collaboration avec DJ Nixon n'est pas nouvelle. Comment s'est passée cette rencontre?

 Jules: Ça fait longtemps qu’on se produit ensemble avec Nixon, trois ans déjà.

DJ Nixon : Quand on a pris contact la première fois c’était pour raisons musicales, c’est comme ça qu’on s’est connus. Ça a juste commencé par être fan l’un de l’autre et puis ça s’est transformé en amitié, il est venu à Paris et puis on s’est dit qu’on pouvait faire un truc à deux.


Tu as collaboré avec beaucoup d’artistes, de rappeurs. Est-ce qu’une collaboration t’as particulièrement marqué ?

Jules: J’ai envie de te dire Droogz Brigade, mais c’est pas une vraie collaboration puisque c’est mon groupe… Alors récemment y’a l’album de La Gal, qui est une rappeuse Suisse, sur laquelle j’ai fait l’instru avec un beatmaker qui s’appelle Yann Sash. Généralement les instrus ont été faites entre midi et minuit, dans des états seconds. C’était marrant mais aussi assez spécial de composer à deux, on l’avait jamais fait avant.

Si l’un de tes morceaux pouvait te définir ou du moins te représenter le mieux, lequel choisirais-tu ?

Jules : Peut-être Western Drugs Sunrise, pour le côté un peu western, un peu fantôme, un peu dub ; pas mal d’influences. Puis y’a toujours ce côté fantomatique, donc ouais je dirais celui-là.

S’il devait y avoir une atmosphère pour écouter ta musique ?

Jules et Nico, en chœur : Film d’horreur ! Les années 70 !

Jules : Ben pendant une partouze de Caligula, recréée dans les années 70, avec plein de drogues et tout ca…
Vous chopez quelques toges romaines, du raisin, de la drogue et voilà ! Allez-y ! Amusez-vous !


On trouve peu de clips sur youtube pour illustrer ta musique et ton univers. Est-ce un choix ?

Jules : Il commence à en avoir de plus en plus, j’avais peu de clips avant la sortie du dernier album. Je voulais en faire mais c’est jamais facile de trouver les gens, en général c’est bien d’avoir un budget, si t’en as pas il faut que ce soit quelqu’un avec qui tu fais des échanges de bons procédés.
Du pour l’album je me suis rattrapé, on va sortir encore quatre nouveaux clips.
Au niveau de l’ambiance, on est très dans l’esprit fantôme. Tu vois le dernier par exemple, où t’as un fantôme qui découpe pleins de hippies à la hache… c’est pas mal inspiré des films d’horreur des années, puis on s’est inspiré de Charles Manson pour la tête du mec, the devil reject, puis y’avait un côté un peu « Petits meurtres entre amis », qui se termine à la hache.

Nico : Y’a aussi des côtés un peu maniac, on a l’impression d’être la personne qui regarde l’action avec la caméra.

Jules : C’est une remarque pertinente !

Nico : Faut regarder Maniac !

Si on songe à des morceaux comme Pain Killer, absolument magnifique, complètement planant, on est loin d’un univers sale. Si on prend Mushroom burger ou petite maligne, pour le coup c’est comme une sorte d’optimisme léger. Mais on trouve souvent l’appellation « gore » pour qualifier ta musique ? Pourquoi ? Es-tu d’accord ?

Jules : Je trouve que dire Gore c’est un peu surfait. C’était vrai pour mes deux premiers albums, qui étaient beaucoup plus rap. Maintenant on m’a mis ça dans ma biographie et j’ai l’impression qu’ils font tous des copiers-collers.
Après c’est vrai, comme je disais, mes deux premiers albums sont faits que de samples de films gores mais je sais pas… Ils doivent bien aimer le mot « Gore », tu sais ça en jette. Mais c’est vrai que ça colle pas forcément.
Voilà je vais leur dire !  « Enlevez-moi ce truc gore là ! »

Qu’est-ce que tu penses de la scène actuelle en ce qui concerne le abstract hip-hop ?

Jules : Elle est riche, en France il ya beaucoup de choses ! Moi j’écoute beaucoup « Connitif ».. et DJ Low Cut, le barbu.

Un souvenir de concert mémorable?

Jules : Y’en a eu plein ! Je ne vais pas raconter les plus scabreux, ça nous porterait préjudice.
Aller, je vais te raconter cette anecdote qui est marrante. C’était une fois où Nixon refusait catégoriquement de Slamer avec moi, parce qu’il y a des morceaux où on le fait, et donc j’ai dit à Nixon « Tu dois venir slamer avec moi » et on voit sur la vidéo qu’il veut pas du tout. Alors je dis aux gens « Aller, dites lui de slamer ! », il refuse toujours et puis finalement… il a fait un saut de cabri magnifique , et il a accepté !

Les projets futurs ?

Jules: D’abord finir la tournée et puis un EP l’an prochain, mais je vais prendre le temps avant de le sortir. Il s’appellera « La nuit se lève ».