samedi 7 mars 2015

Rencontre avec AL'TARBA

Ce vendredi 6 mars, Victoire 2 recevait Al’Tarba accompagné de ses trois acolytes : DJ Nix’on, VJ TomZ et DJ Low Cut. L’occasion d’aller poser quelques questions au beatmaker et de découvrir son univers autrement que par le biais des diverses descriptions web.
Souvent entourés de mystères les beatmakers ne sont pas médiatisés. Qu’est-ce qui se cache derrière leur musique, les rares informations distillées?
Ici, un petit bonhomme pas prise de tête, au sourire quasi constant et à la langue bien pendue. Il est là pour s’éclater - ILS sont là pour s’éclater - et pour que le public passe le meilleur moment possible.

Al'Tarba, VJ TomZ & DJ Nix'on


Auteur, compositeur et interprète Al’Tarba, aka Jules, est originaire de Toulouse. Avec presque dix ans de carrière à son actif et des collaborations aussi nombreuses que variées il nous embarque avec virtuosité dans des atmosphères tantôt sales et brutes, tantôt douces et quasi mystiques.
Dans son dernier album, Let The Ghosts Sing, il invoque des sonorités organiques de pianos et glockenspiel, guitares ou trompettes, auxquelles répondent beats abstract et nappes électro. Sur scène, il est accompagné de VJ TomZ et de DJ Nix'on tandis que DJ Low Cut est à la technique.


VJ TomZ, Al'Tarba & DJ Nix'on


Tout d'abord, d'où te vient ce nom d'Al'Tarba?

Al’Tarba : C’est un nom que j’ai choisi au lycée, quand j’étais dans un escalator. J’ai vu « A l’bâtard ! » tagué sur un mur mais c’était un nom déjà pris par un DJ de house, du coup j’ai usé du verlan. Après je suis pas sûr que je choisirai le même si je devais choisir à nouveau un blaze ; c’est rigolo mais ça fait un peu segpa.



Comment en es-tu venu à te tourner vers la musique, et plus particulièrement ce style ?

Al’Tarba : J’ai commencé par le punk rock, puis j’ai écouté du rap. En fait, j’en écoutais déjà très jeune mais j’avais un peu lâché puis, je m’y suis remis grâce à des beatmakers comme Necro et Reza, qui faisaient un son bien crade, et je me suis dit « Ah ouais, ça j’ai envie de le faire ». Le côté crade me plaisait dans le punk et j’ai trouvé ça aussi dans le rap ; ensuite c’est un pote qui m’a montré un logiciel et ça a commencé comme ça.



Tu peux m’en dire un petit peu plus sur le groupe dont tu fais partie, Droogz Brigade ?

Al’Tarba : On est cinq, j’avais déjà commencé à essayer quelques trucs de mon côté et le groupe s’est formé deux ans après. On s’est rencontré, je ne sais plus trop comment, mais c’est un de ces potes qui m’a fait justement découvrir Necro et Reza.
On s’est vraiment super bien entendus et on est devenus meilleurs potes, en plus de faire de la musique.
J’avais déjà choisi mon blaze d'Al'Tarba avant Droogz Brigade mais entre le moment où tu le choisis et le moment où des gens le connaissent, il se déroule bien des années.



Quelles sont tes grandes références musicales, même si elles ne se ressentent pas forcément dans tes morceaux ?

Al’Tarba : A part le punk, du ska, du hardcore, de la techno ; bon après j’écoute vraiment de tout, de la minimale, je ne suis pas fermé. Mais c’est vraiment du punk rock quand je suis tout seul. Et du hip-hop aussi.

DJ Nix’on : Et même Blink-182 parfois !

Al’Tarba: Ouais c’est vrai, on a tous un groupe difficile à assumer mais c’est comme ça…

DJ Nix’on : Moi c’est Carbon Airways, j’ai découvert ça la semaine dernière et j’adore. Je les ai vu dans un truc et je me suis dit « Mais c’est quoi ces enfants de 15 ans qui sont en train de jouer ? ». Ils ont joué avec Diplo, avec Skrillex, et ils ont quinze ans !

Al’Tarba : Ce qui m’a influencé d'ailleurs sur les derniers skeuds c’est beaucoup l’abstract hip-hop !



Tu te produis sur scènes ce soir avec DJ Nixon et VJ TomZ, pourquoi ce choix ?

Al’Tarba : Ah bah si j’étais tout seul ce serait chiant ! Tu verras les scratchs qu’apporte Nico et le côté technique bien vivant ! Au niveau du visuel ça ne fait pas longtemps qu’on taffe avec TomZ. Vu que c’est une musique un peu cinématographique, ça coulait un peu de source et puis voilà, il apporte un plus, une création à part entière.



La collaboration avec DJ Nix'on n’est pas récente, comment s’est passée votre rencontre ?

Al’Tarba : Ça fait longtemps qu’on se produit ensemble avec Nix'on, trois ans déjà.

DJ Nix’on : Quand on a pris contact la première fois c’était pour raisons musicales, c’est comme ça qu’on s’est connus. Ça a juste commencé par être fan l’un de l’autre et puis ça s’est transformé en amitié, il est venu à Paris et puis on s’est dit qu’on pouvait faire un truc à deux.



Tu as collaboré avec beaucoup d’artistes, de rappeurs. Est-ce qu’une collaboration t’a particulièrement marqué ?

Al’Tarba : J’ai envie de te dire Droogz Brigade, mais ce n’est pas une vraie collaboration puisque c’est mon groupe… Alors récemment y’a l’album de La Gale, qui est une rappeuse Suisse, sur laquelle j’ai fait l’instru avec un beatmaker qui s’appelle Yann Sash. Généralement les instrus ont été faites entre midi et minuit, dans des états seconds. C’était marrant mais aussi assez spécial de composer à deux, on l’avait jamais fait avant.



Si l’un de tes morceaux pouvait te définir ou du moins te représenter le mieux. Lequel ce serait ?

Al’Tarba : Peut-être Western Drugs Sunrise, pour le côté un peu western, un peu fantôme, un peu dub ; pas mal d’influences. Puis y’a toujours ce côté fantomatique, donc ouais je dirais celui-là.


S’il devait y avoir une atmosphère pour écouter ta musique ?

Al’Tarba et DJ Nix’on, en chœur : Film d’horreur ! Les années 70 !

Al’Tarba : Ben pendant une partouze de Caligula, recréée dans les années 70, avec plein de drogues et tout ca…
Vous chopez quelques toges romaines, du raisin, de la drogue et voilà ! Allez-y ! Amusez-vous !



On trouve peu de clips sur youtube pour illustrer ta musique et ton univers. Est-ce un choix ?

Al’Tarba : Il commence à y en avoir de plus en plus, j’avais peu de clips avant la sortie du dernier album. Je voulais en faire mais c’est jamais facile de trouver les gens, en général c’est bien d’avoir un budget, si t’en as pas il faut que ce soit quelqu’un avec qui tu fais des échanges de bons procédés.
Du coup pour le dernier album je me suis rattrapé, on va sortir encore quatre nouveaux clips. Au niveau de l’ambiance, on est très dans l’esprit fantôme. Tu vois le dernier clip qui est sorti par exemple, où t’as un fantôme qui découpe plein de hippies à la hache… C’est pas mal inspiré de films d’horreur, de Charles Manson pour la tête du mec, de The devil’s rejects, puis y’avait un côté un peu « Petits meurtres entre amis » qui se termine à la hache.

DJ Nix’on : Y’a aussi des côtés un peu Maniac, on a l’impression d’être la personne qui regarde l’action avec la caméra.
Faut regarder Maniac !



Si on songe à des morceaux comme Pain Killer, absolument magnifique et complètement planant ou Mushroom Burger qui est comme une sorte d’optimisme léger, on est loin d'un univers totalement sale. On trouve souvent l’appellation « gore » pour qualifier ta musique ? Es-tu d’accord ?

Al’Tarba : Je trouve que dire "Gore" c’est un peu surfait. C’était vrai pour mes deux premiers albums, qui étaient beaucoup plus rap. Maintenant on a mis ça dans ma biographie et j’ai l’impression qu’ils font tous des copier-coller.
Après c’est vrai, comme je disais, mes deux premiers albums ne sont faits que de samples de films gores mais je ne sais pas, ils doivent bien aimer le mot « Gore », tu sais ça en jette ! Mais c’est vrai que ça ne colle pas forcément.
D’ailleurs, je vais leur dire !  « Enlevez-moi ce truc gore là ! »



Qu’est-ce que tu penses de la scène actuelle en ce qui concerne le abstract hip-hop ?

Al’Tarba : Elle est riche, en France il y a beaucoup de choses ! Moi j’écoute beaucoup « Kognitif »…et DJ Low Cut, le barbu.



Un souvenir de concert mémorable?

Al’Tarba : Y’en a eu plein ! Je ne vais pas raconter les plus scabreux, ça nous porterait préjudice. Mais y’a cette anecdote qui est marrante. C’était une fois où Nix'on refusait catégoriquement de slammer avec moi, parce qu’il y a des morceaux où on le fait, et donc j’ai dit à Nix’on « Tu dois venir slammer avec moi » et on voit sur la vidéo qu’il veut pas du tout. Alors je dis aux gens « Aller, dites lui de slammer ! », il refuse toujours et puis finalement… il a fait un saut de cabri magnifique ! Et il a accepté !



Quels sont les projets futurs ?


Al’Tarba : D’abord finir la tournée et puis un EP l’an prochain, mais je vais prendre le temps avant de le sortir. Il s’appellera « La nuit se lève ».








Angélique pour V2