Le club V2 du 6 février a été l'occasion de rencontrer et de découvrir des groupes locaux, des talents parfois peu connus mais néanmoins intéressants. Notre attention se tourne cette fois-ci sur M&G, un duo pour le moins surprenant, qui mêle la pop à l'électro et au chant arabe. Hanane Habib et Robin Hude ont répondu à quelques questions, dans une atmosphère détendue et chaleureuse.
Que signifie ce nom de groupe énigmatique ?
Hanane :
Attention, c’est toujours dangereux de poser ce genre de question …
Robin : A
la base c’est une vague retranscription étymologique de nos prénoms ;
Hanane en arabe qui donnait Miséricorde et Robin qui voulait vaguement dire
Gloire. Entre le M et le G il y a donc une esperluette. Voilà, j’espère que des
gens auront appris grâce à nous ce qu’est une esperluette.
Comment vous-êtes vous rencontrés ?
Robin : Pour commencer, on
est un couple avant d’être partenaires de scène. On s’est mis à la musique
ensemble un peu par hasard ; j’en faisais déjà depuis tout petit et Hanane
s’est mis un jour au chant. On a commencé à écrire une chanson, comme ça, pour
rigoler. Puis une deuxième et une troisième. Alors on s’est dit, pourquoi ne
pas essayer d’en faire quelque chose ? On est partenaire de crime à la
scène, comme à la ville.
Hanane : Je cherchais un
micro, parce que je prenais des cours de chant avec une prof qui voulait justement
m’apprendre à chanter avec. Il se trouve que dans le garage des parents de
Robin il y en avait un, parce qu’il avait déjà composé des chansons tout seul
auparavant.
Robin : Du coup on s’est retrouvé
avec la guitare, le micro et la table de mixage à la maison. C’est comme ça que
c’est parti.
Du coup, comment se passe votre collaboration ? Vous rédigez vos
textes ensemble ?
Hanane : En anglais c’est
Robin et en arabe c’est moi mais dans l’ensemble en ce qui concerne la
composition, c’est plus lui qui s’en charge, je n’ai jamais fait de solfège
contrairement à lui. On trouve toujours les mélodies ensemble par contre.
Robin : On conçoit à peu
près tout à deux. Parfois Hanane commence quelque chose, elle a une mélodie,
puis moi je la reprends derrière… On se divise la partie linguistique, l’arabe
étant la langue maternelle d’Hanane et l’anglais la mienne.
Comment avez-vous rencontrés la musique, quel est votre parcours ?
Hanane : Le chant ça ne
laisse pas vraiment le choix, j’ai été prise toute petite, j’ai toujours adoré
chanter. Je n’ai pas eu l’occasion de vraiment m’y consacrer, ce n’est que
maintenant aux alentours de la trentaine que je le fait pleinement.
Robin : Je fais de la
guitare et de la composition depuis que je suis tout petit. En fait j’ai écrit
beaucoup de chansons durant mon adolescence, j’étais très prolifique- peut-être
une centaine, quelque chose comme ça. Puis je me suis arrêté pendant une dizaine
d’année, jusqu’à qu’on reprenne ensemble avec Hanane et que je fasse émerger de
vieux textes… Certains sont très mauvais d’ailleurs !
Hanane : Fausse
modestie !
Robin : Je savais qu’un jour
ça reviendrait. Je disais à Hanane « Un jour je te plaquerai pour refaire
de la musique », et en fait j’ai pas eu besoin de ça parce que le déclic
nous est venu ensemble.
Votre création est assez atypique sur la scène française, ce mélange
des genres et des langues est assez novateur…
Robin : On a pas mal de retour
sur le net, via soundcloud par exemple. Et même des commentaires qui viennent
d’Egypte ou des Etat-Unis !
Avez-vous justement des ambitions à l’étranger ?
Hanane : On espère déjà
réussir en France !
Robin : Mais c’est vrai que
ce mélange d’anglais et d’arabe intrigue souvent les gens.
Hanane : C’est ce qui donne
l’originalité, et ça touche les gens apparemment !
Vous avez déjà joué à l’opéra comédie de Montpellier, quel a été
l’accueil du public ?
Quelles autres scènes avez-vous déjà expérimentées ?
Robin : On tourne pas mal
sur la région de Montpellier et aux alentours- notamment à la Laiterie des
beaux-arts, au Red Turtle- plutôt en disposition café-concert sur des petites
scènes, proche du public. On s’est retrouvés à l’opéra de la comédie parce
qu’on a participé au Fashion Caftan Show, un événement qui se produit là-bas
chaque année, basé sur un défilé de Caftan.
Hanane : Cet événement a
pour but de mettre en avant la femme, en faisant défiler toutes sortes de
femmes ; des sportives ou des handicapées etc. Et il se trouve qu’ils
cherchaient aussi des artistes pour animer la soirée et on a été pris.
Robin : C’était complet, il
y avait énormément de monde, c’était impressionnant. On a même écrit une
chanson pour l’occasion. En tout cas c’est un super endroit et ça fait plaisir,
quand on est habitué à être de l’autre côté en tant que spectateur.
Que souhaitez-vous faire passer à travers votre musique ?
Hanane : S’il y a bien un
message, ce serait notre tendance universaliste. On est très éclectiques au
niveau musical, on a une certaine ouverture tout les deux et c’est vrai que
malgré nous on représente quelque chose ; un couple, la mixité, un mélange
inattendu. Même si on se déteste comme ça…
Robin : Ouais, on se balance
des assiettes à la tête !
Évidemment il y a toujours le
naturel qui revient au galop et donc la dualité dans ce qu’on fait. Qu’on le
veuille ou non : cette différence homme/femme, de nationalité. C’est
souvent ce qui transparait dans nos chansons.
On a beaucoup de dialogues, ça parle
de nos sentiments qui se répondent mais aussi parfois de sujets plus
politiques, plus engagés.
Vous êtes influencés par divers genres tels que l’électro-pop, le
R&B, le rock ou encore la musique arabe. Pourriez-vous développer ces
influences ? Des noms de groupes ?
Robin : J’espère que tu as
deux heures et demie devant toi !
Hanane : On ne cherche pas à
suivre ou à reproduire des choses en particulier. Notre volonté c’est de
prendre un peu de tout ce qu’on aime et on aime beaucoup trop de choses, c’est
un peu ça le problème, d’arriver à tout mettre dans la formule qu’on a choisie.
Au niveau des influences j’ai
écouté beaucoup de musiques arabe étant jeune, forcément, de la musique
classique et plus populaire ; du Raï et de la pop arabe. J’ai toutes ces
influences en plus de la musique française.
Robin : Moi j’ai cette
incurable tare d’être à moitié anglais avec tout l’inconscient anglo-américain
derrière. Bob Dylan ou Leonard Cohen c’est un petit peu mes classiques par
exemple. Mais à la maison ça va justement passer de Leonard Cohen à Beyonce, en
passant de la pop américaine à Alain Bashung ou Noir Désir.
Hanane : On aime bien les
claquages musicaux !
Vous désirez évoluer dans le même style ?
Hanane : C’est toujours
difficile à dire. Je pense qu’on va garder notre formule mais en ce qui
concerne l’écrit, on est toujours en évolution. On cherche pas vraiment le
style qu’on a maintenant, il est vraiment inconscient…
Robin : On va essayer de
garder ce cadre pop-électro. Après c’est vrai qu’à la maison on adore prendre
un micro, une guitare, et faire un petit truc acoustique.
Vous avez sortis sur Soundcloud quelques morceaux de votre premier
album Shades of Silver ; il ne manque plus qu’un producteur ?
Hanane : Oui on a en effet
mis quatre morceaux en ligne, c’est du home studio.
Rodin : Et on est en même
temps en train d’en écrire un second, le premier était un peu par hasard, un
premier jet disons. On va essayer d’en faire un autre, en restant dans ce style
pop-électro. Pour l’instant on a cinq chansons qu’on joue sur scène et on
continue à en faire d’autres en attendant. On recherche un producteur, une
structure, qui puisse nous donner une opportunité.
Hanane :
On passe par les tremplins notamment !
Souhaiteriez-vous faire de la musique plus
qu’une passion, un métier ?
Hanane :
On est réaliste, on a nos métiers à côté mais ce serait mentir que de dire
qu’on n’y rêve pas. On aimerait vraiment.
Robin :
Quand on s’est lancé on s’est dit qu’on le faisait sérieusement mais sans faire
de plan sur la comète. Maintenant, on attend de voir.
Angélique pour Victoire 2